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Ne vacille jamais et brûle avec mesure.
Sois pour l’Ame suprême une demeure sûre.
Dédaigne l’espérance et chasse les regrets.
Répète en souriant : « Tu n’es pas ; disparais ! »
Au léger tourbillon des mille phénomènes.
Et, n’étant plus troublé par les fièvres humaines,
Inébranlable en Dieu, calme et fort, tu verras
La nature s’enfuir en agitant ses bras,
Ainsi qu’une danseuse, exquisement parée,
Salue et se retire après s’être montrée.

Que le ciel de Brahma, mon fils, le ciel en fleur
Ne vienne plus hanter ta mémoire. Malheur
A celui qui soupire après la récompense,
Mirage qui s’efface et meurt dès qu’on y pense !
Même devant la joie et la splendeur dés dieux,
Souviens-toi que Maya rit de tes faibles yeux.
Car le Principe mâle est un ; lui seul existe ;
Et, tandis que l’excès des voluptés attriste,
Lui seul est le profond sommeil, le frais gazon,
La source d’ambroisie et le miel sans poison.

Travaille, mange et bois, fais la guerre, médite :
Mais toujours pense à Dieu. L’œuvre n’est pas maudite
Si tu n’es pas lié par l’œuvre ; et le péché
Ne souillera pas plus un esprit détaché