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II

Tu n’es point de ceux-là qui méprisent leur âme.
Pécheur, un franc aveu te lavera du blâme ;
Tes lèvres et ton cœur sont purs de trahison.
Mais, comme les fourmis accroissent leur maison,
Il te faut chaque jour augmenter ta justice.
Lorsqu’on enterre un mort, bien que l’air retentisse
Des plaintes de la flûte et de lugubres voix,
On laisse enfin le corps comme un morceau de bois
Et chacun se retire en détournant la tête :
Plus d’amis, plus d’enfants, plus de femme. Inquiète,
L’âme cherche autour d’elle et pleure dans la nuit.
Mais, si tu fis le bien, la justice te suit.

N’afflige aucun vivant. Que, toujours honorée,
La femme, épouse ou mère, ami, te soit sacrée.
Ne t’enorgueillis pas d’un devoir accompli ;
N’en parle point : qu’il soit emporté par l’oubli.
Fuis le jeu. Sois vaillant comme ceux de ta race.
Que l’homme désarmé devant toi trouve grâce ;
Garde-toi de tremper tes flèches de poison.
Tu sais qu’il ne faut pas maltraiter sans rai