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Lorsque je danse, ami, pour le salut du monde,
L’air est pris de vertige. Avec ravissement
Le sol frémit ; au loin chante la mer profonde ;
Et mes cheveux tressés frappent le firmament.

Cymbales d’or, tambours joyeux, conques fleuries
Me proclament vainqueur. Puis le repos me plaît ;
Et, caressant des yeux les célestes prairies,
Je me laisse bercer par des vagues de lait.

Si tu veux partager ma quiétude, écoute !
Car tout n’est que vapeur, lueur trouble et vain bruit
Pour l’esprit égaré, pour l’âme en proie au doute,
Aveugle sans bâton qu’un aveugle conduit.

L’être ailé sortira de l’humble chrysalide,
Mais non pas sans avoir patiemment lutté.
Viens à moi : mets le pied sur mon discours solide,
Pont merveilleux qui mène a l’immortalité.