Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée


 En vain de noirs serpents t’enveloppent : sur eux
Tu fais passer ton char terrible qui les broie ;
Et, tandis qu’emportés dans un vol bienheureux
Hennissent tes chevaux de guerre aventureux,
On entend retentir tes mâles cris de joie…

La pluie a ruisselé comme un torrent de miel.
Alors tout se fait calme : et tes mains vénérées
Elèvent lentement le soleil dans le ciel.
Gloire à toi dont le trait bienfaisant et cruel
Aiguillonne le pis des vaches éthérées !

Le rude sol fleurit aux caresses des Eaux ;
La santé, la richesse et la paix sont en elles.
Mères dont la bonté rend l’essor aux oiseaux,
Vous emportez au loin, dans vos larges ruisseaux,
Le péché qui souillait nos âmes criminelles.

Venez, maîtres, venez ! Des sorciers odieux
Ne vous raviront pas cet ample sacrifice.
J’appelle ici le peuple innombrable des dieux.
Soufflez, ô vents du ciel, vents purs, vents radieux,
Pour que le jeune Agni s’élève et resplendisse.