Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/144

Cette page n’a pas encore été corrigée

L’époux se dérobait aux baisers de l’épouse.
Car, vivant dans le deuil près de sa sœur jalouse,
Istar ne faisait plus jaillir à flots divins
La vie et le bonheur qui gonflent ses beaux seins.

Sin, roi des claires nuits, gardait un froid silence.
Samas pleurait, Samas le terrible, qui lance
Contre ses ennemis l’âpre disque de feu.
Maroudouk oubliait ses dogues ; et le dieu
Qui piétine sans fin dans les rudes mêlées,
Nergal, interrogeait leurs faces désolées.

D’où viendra le salut ? Bel, chef de l’univers,
Dont les yeux vigilants sont largement ouverts,
S’est interrompu, las de son œuvre sacrée.
Le sublime Poisson de la mer Erythrée,
Eà, dont la parole enseignait autrefois
L’origine du monde et le secret des lois
Aux hommes rassemblés par foules innombrables,
Songe avec amertume, échoué dans les sables.
Même l’ancien des dieux, Anou, le premier-né,
Après avoir, durant les siècles, ruminé
Comme un buffle puissant qu’endort la solitude,
Tressaille dans son rêve avec inquiétude.