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ISTAR


Sans violence, Allat, j’ai franchi les sept portes.
Je viens me lamenter parmi les vierges mortes,
Gémir avec l’épouse arrachée à l’époux,
Pleurer sur les vaillants qu’ont déchirés les loups.
J’emplirai de sanglots les ténèbres du gouffre…
Je voudrais me manger moi-même, tant je souffre :
Oui, mordre dans ma chair et boire de mon sang !
Allat, me rendras-tu ce tendre adolescent ?


ALLAT


Istar, je ris de toi ! Cherche ailleurs un vrai mâle.
Après vos longues nuits Tammouz restait tout pâle.
O ma sœur, il te faut de plus rudes amants.
N’as-tu pas étouffé dans tes embrassements
Un étalon lascif, mais trop débile encore,
Qui hennissait vers toi du couchant à l’aurore ?
N’as-tu pas fait mourir à force de baisers
L’aigle qui palpitait sur tes flancs embrasés,
Qui becquetait ta chair dans vos âpres démences
Et qui t’enveloppait de ses ailes immenses ?


ISTAR


Laisse-moi réchauffer les lèvres de mon fils !…