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Prend la tiare d’or de sa tête immortelle ;
Et l’Aral vaste et nu s’étale devant elle.
Elle marche, les yeux aveuglés par les pleurs.
A la deuxième entrée, ô déesse des fleurs,
Tu dois abandonner tes clairs pendants d’oreilles.
Plus loin c’est ton collier d’escarboucles pareilles
A des lacs merveilleux qu’empourpre le matin.
Bientôt tu seras nue en face du Destin,
Luttant pour ton désir, ta passion, ta vie.
Ta robe éblouissante, Ô Reine, t’est ravie.
Tu livres en silence au gardien du calais
L’armille de ta jambe et tes lourds bracelets ;
Et tu défais avec ta ceinture d’étoiles
La tunique de lin, le dernier de tes voiles…
Allat, dont le visage amer s’est contracté,
Voit surgir dans sa noble et sainte nudité
Celle qui réjouit les hommes et les bêtes
Et dont le fier sourire apaise les tempêtes.
Mais, éperdue, Istar cherche son divin fils,
L’époux qu’aime son âme : et, pâle comme un lis,
Le voilà qui sommeille, oublieux de la terre,
Ne se souvenant plus de l’azur solitaire
Et des blanches brebis qu’il paissait loin du jour…
Les deux royales sœurs parlèrent tour à tour.