Page:Bouchor - Les Symboles, première série.djvu/112

Cette page n’a pas encore été corrigée


O le plus monstrueux de tous les crocodiles,
Je franchirai ton cercle d’îles,
Je verrai, sous les eaux du fleuve épouvanté,
Remuer tes écailles noires,
Et je mettrai dans tes mâchoires
Un tel anneau de fer que tu seras dompté !

Tu rougiras le Nil d’un horrible sillage.
Je te traînerai sur la plage
Où, le ventre au soleil, tu t’allongeais hier ;
Les oiseaux, les bêtes sauvages
Pulluleront sur les rivages,
Et je leur donnerai le régal de ta chair..,

Ah ! c’est un sombre jour pour toute race impie.
Le Seigneur crie à pleins poumons ;
Et le sang ruisselle des monts,
De la terre d’Assour jusqu’à l’Éthiopie.

Il marche, et sous les cieux sereins
Un chant magnifique s’élève.
On entend retentir, dès qu’a brillé son glaive,
Les harpes et les tambourins.