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Viens, ne t’enfonce pas dans ta douleur sauvage l
Oublie à tout jamais l’opprobre du veuvage.
C’est moi qui te reviens, moi dont le cœur se fend
Lorsque je vois des pleurs mouiller ta face amère…
Je ne puis t’oublier, non, pas plus qu’une mère
Ne peut oublier son enfant !

Viens, viens, tu me seras fiancée en justice !
Je veux qu’une clameur immense retentisse
Et que tes fils lointains reviennent consolés.
Plus de vaine splendeur et plus de bigarrure !
Tu te revêtiras, comme d’une parure,
De tes fils enfin rassemblés.

O mère de mon peuple, écoute, et sois bénie !
Mes mains sèchent tes jeux ; ton angoisse est finie ;
Je ne me souviens pas des crimes expiés.
Vis en paix. Que les rois ne souillent plus ma couche ;
Et ne livre jamais aux baisers de leur bouche
Que la poussière de tes pieds.