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 « Pour moi, dit-il, pour moi mon Seigneur s’est fait chair ! »
Des pleurs qui maintenant n’avaient plus rien d’amer,
De larges pleurs jaillis des sources de son être,
Coulèrent sur les mains de notre divin Maître,
Tandis que, prosternée en face du Sauveur,
Eve, pleurant aussi, baisait avec ferveur
Les pieds nus et saignants qui, par delà l’espace,
Allaient guider ses fils, loin de tout ce qui passe,
Vers l’éternel repos dans la gloire, au milieu
Des anges qu’éblouit la vision de Dieu.

« Au nom, dit le Seigneur, de mon Père céleste,
Du Fils et de l’Esprit, bientôt, je vous l’atteste,
Vous serez tous dans mon royaume. Paix à vous
Qui fûtes en Eden les deux premiers époux ;
Adam, paix à tes fils ! O mes justes, c’est l’heure.
Suivez-moi : votre Christ, en sa haute demeure
Où le péché, l’angoisse et la mort n’entrent pas,
Vous fera tous asseoir au céleste repas ;
Et là vous goûterez, car le juste en est digne,
La fleur de mon froment et le fruit de ma vigne. »

Puis, sur nous tous, il fit le signe de la croix.