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Je crois aussi que la pensée morale, le sentiment d’humaine fraternité, traduits symboliquement, çà et là, dans la première partie de l’ouvrage, ont trouvé dans L’Homme-Dieu et dans l’Épilogue une expression plus directe, j’ose dire plus émue, sinon plus émouvante. Je n’ai aucun regret d’avoir écrit ces vers, sans quoi je ne les publierais pas. Mais, comme j’attache quelque importance à la construction de mon œuvre, j’ai voulu montrer en quoi elle pèche, et pour quelles raisons j’éliminerai d’une édition future (si je puis la donner) le Prologue du livre et les poèmes qui le terminent. Ceux dont je n’ai pas fait une mention spéciale donneraient lieu à des réflexions quelque peu différentes. Mais je les laisse de côté, ma pensée étant assez claire, à ce que j’imagine, sans de nouveaux développements[1].

  1. Si j’avais écrit les notes auxquelles j’ai renoncé, j’y aurais indiqué d’abord ce qu’il y a de critiquable dans l’ordre de succession de mes idées ; car je suis parfois obligé de revenir à certaines d’entre elles qui semblaient avoir été nettement éliminées. J’eusse avoué sans peine toutes les insuffisances de ma pensée. Je sais que le procès des religions et des philosophies peut être fait tout autrement que dans mon réquisitoire, et qu’il y a aussi bien des arguments pour les défendre. Je ne tiens plus pour invincibles (et je l’aurais dit avec force) certains arguments dirigés contre l’existence d’un Dieu personnel, conscient et libre, et qui se ramènent à l’idée que Dieu, s’il existe, ne doit avoir rien d’humain. D’autre part, j’aurais tenu à déclarer, comme je le fais ici, que je ne récrirais plus certains vers de L’Homme-Dieu, dans lesquels est contenue une critique implicite de l’Évangile. Mais, pour que cet aveu frappe davantage le lecteur, j’en ferai l’objet d’une note placée dans le corps du volume, entre l’Épilogue et l’appendice.