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peu de signification. Il ne s’agissait plus, en effet, de traduire par des images une foi assez particulière malgré le vague de ses contours, mais d’entrevoir, à travers des voiles plus ou moins décevants, une Vérité inaccessible.

C’est dans cette nouvelle disposition que j’écrivis le Prologue des Symboles. Par la suite, j’y ai intercalé quelques vers, afin qu’il fût mieux en harmonie avec le livre qu’il annonce, et enveloppât les conceptions les plus diverses de Dieu ou de l’Absolu. Ces additions peuvent être critiquées ; car, si la Cause première n’a point un caractère moral, s’il n’y a pas même en elle une tendance inconsciente vers le bien, elle peut exciter une sorte d’enthousiasme, mais non pas le pieux amour, la profonde vénération exprimés dans mon Prologue. J’observerai, d’autre part, que le premier volume des Symboles correspond fort mal à ce Prologue, même remanié. Pour qu’il ne le démentit point, il aurait fallu que mon esprit demeurât stationnaire ; et c’est le contraire qui a eu lieu. Le Prologue impliquait une série de poèmes empruntés à des religions capables d’exprimer, en quelque chose, mon intime idéal, et à celles-là seulement. J’eusse formé tout mon livre de tels poèmes, non sans forcer, je crois, ou même fausser le sens des mythes et des croyances, si, comme je viens de le dire, je n’avais évolué de nouveau.

Le seul poème que j’ai franchement composé dans cet esprit est Le Mont des Oliviers ; je le place, comme La Rose d’Or, en appendice à la fin du présent volume. On y trouvera l’expression d’une pensée métaphysique, plus ou moins