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n’y excluait point un éternel effort ; les passions terrestres y survivaient à l’étreinte de l’Absolu. M’accable qui voudra de faciles railleries ! Chacun accorde comme il peut ses tendances contradictoires. D’ailleurs, presque tous les poèmes que j’ai composés dans cette phase de mon esprit me semblent, à présent, fort médiocres. J’en ai conservé un seul : La Rose d’Or, recueil de petites pièces qui font suite à mon livre : L’Aurore, pour en être, si l’on veut, la conclusion apaisée. Dans ce recueil, qui m’étonne aujourd’hui par le mystique entrelacement des idées, l’amour de la créature devait être un acheminement vers l’amour de Dieu et un symbole de cet amour.

On voit en quel sens j’avais pris d’abord le titre du livre projeté. D’autres symboles empruntés aux couleurs, aux parfums ou à la musique, telle œuvre d’art, tel mythe, telle légende, devaient tour à tour vêtir une conception toujours à peu près la même, bien que flottante et imprécise. Mais, après quelque temps, mes rêveries me parurent trop inconsistantes ; je renonçai à formuler une métaphysique personnelle. C’est alors que je me tournai vers l’étude des religions, non point pour résumer, comme j’ai plus tard tenté de le faire, ce qui m’a paru être leur sens vrai, mais pour exprimer par elles ce qui survivait en moi de croyances à l’état de rêve ou de désir. Je renonçais à accorder ensemble des termes inconciliables, et je ne me décidais pas non plus à opter pour un système plutôt que pour un autre ; cependant, je croyais toujours avec autant de ferveur à la vivante réalité de l’Être inexprimable. Mon titre changea quelque