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Leurs yeux sont de pures lumières,
Des bijoux vraiment merveilleux :
Qu’est-ce donc au prix de tes yeux
Étincelant sous tes paupières ?

Sous les grands arbres nous marchons,
Les mains tendrement enlacées,
Roulant Dieu sait quelles pensées,
Regardant les premiers bourgeons…

Bien qu’avril joyeux nous convie
À chercher les premières fleurs
Dans l’herbe fraîche, tout en pleurs,
Qui s’épanouit à la vie,

N’auras-tu pas quelque regret
Pour la saison charmante et gaie
Qui donne aux âmes fatiguées
Un bonheur tranquille et discret ?

Quant à moi, mignonne, il me semble
Laisser un lambeau de ma chair
À tous les noirs buissons d’hiver
Qui nous voyaient passer ensemble.