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et joyeuses acclamations. Quelques-uns s’attardèrent à causer, boire, fumer ; des bouffées de mélodie flottaient dans la salle et, de temps à autre, le piano chantait tout seul. Nous sortîmes à l’aube, laissant jaillir de nous mille motifs de fugue ; et nous traversâmes ainsi les rues de Bâle, sous les regards d’une police à la fois défiante et paternelle.

Quelques heures après nous étions debout, étrillés, sanglés, caparaçonnés, prêts à nous repaître encore de musique : ce que nous fîmes jusqu’à l’heure du repas chez notre excellent Volkland, le plus cordial des hommes. Il nous fit asseoir à sa table. Une plantureuse nourriture nous mit la joie au cœur, et je vis que le gracieux vin blanc de notre hôte trouvait un vif plaisir à se laisser boire. Vous savez, honnête Casimir, que l’après-midi fut consacrée aux œuvres d’orgue de notre Saint-Père le Bach[1], belle occasion pour vous de labourer quelques pianos, et que nous nous achevâmes au théâtre, où l’on voulut bien nous donner le Jules César de

  1. J’emprunte cette noble expression à M. Édouard Michel, qui est une des lumières de Marseille.