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binaisons. Il devient touffu comme une forêt. C’est une masse tumultueuse que sillonnent des gammes ascendantes. A travers les peuples hostiles, les nations hérissées de lances, des chemins frayés par Dieu mènent Israël vers son héritage sacré.

Nous entendîmes ensuite l’air divin en mi majeur et le chœur final, précédé cette fois d’une très ample introduction. Sans être soutenue par les instruments, Miryam éleva sa voix claire et perçante : « Chantez au Seigneur, car il a triomphé glorieusement. » Le chœur répondit : « L’Éternel régnera toujours et à jamais ! » Le scintillement des violons, l’éclat des cuivres, le sourd galop des timbales me rendirent ma vision d’une chevauchée lumineuse. Il me semble que la splendeur des trompettes a pâli depuis un siècle. Oh ! je n’oublie pas notre Wagner ; je me rappelle fort bien cette marche funèbre où le thème de l’Épée flamboie terriblement. Mais pourquoi les trompettes, chez Hændel comme chez Bach, ont-elles cette limpidité céleste, cette radieuse pureté, cette joie héroïque ? « Le cheval et son cavalier, cria la prophétesse, il les a jetés dans la mer. » Le chœur reprit : « L’Éternel régnera