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sit comme un troupeau. » Elle se termine par une tenue très longue ; en même temps les violons la reprennent dans le registre aigu. Les flûtes montent encore une tierce plus haut, et le motif se dessine avec une grâce exquise. Les soprani l’attaquent à leur tour ; puis ce sont les voix d’hommes ; et toujours la caressante mélodie se déroule au-dessus d’une pédale soutenue longtemps par les voix. Rien n’est beau comme ce doux et long murmure. Ce qu’on imagine en l’écoutant, c’est le calme profond des nuits étincelantes d’étoiles tandis que les troupeaux sommeillent ; c’est le vaste silence des plaines, de ces frais pâturages de Sâron qui furent, de temps immémorial, une reposée pour les bœufs. Je regrette que le chœur ait été pris dans un mouvement trop vif, qui ne permettait pas aux voix de s’étendre comme je l’aurais voulu. C’est, à vrai dire, la seule critique que j’oserai faire. Si je disais que l’exécution de l’ouvrage entier fut irréprochable, je n’adresserais pas à M. Volkland et à ses chœurs l’éloge auquel ils ont droit. Tout fut chanté non seulement avec une justesse et une précision rares, mais aussi avec une foi, un élan, une vaillance dignes de l’œuvre héroïque de Hændel.