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hilarité. On ne saurait exprimer avec plus de verve la joie de détruire. Quelle bonne humeur dans la férocité ! C’est un allegro à trois temps, dont le début rappelle un concerto d’orgue de Bach (en ut majeur). Il faut entendre ces cris de joie formidables. Rien n’égale la plénitude des chœurs de Hændel ; on a l’oreille saturée d’harmonie, et l’on résiste malaisément au désir d’entonner les parties l’une après l’autre, voire même toutes à la fois. Mais de temps en temps gronde la timbale. C’est que notre grêle est entremêlée de globes de feu, d’éclairs et de tonnerres : il s’agit d’une grêle extraordinairement terrible. Remarquez le puissant effet de toutes ces syllabes entrecoupées, que les basses des deux chœurs enveloppent d’une vocalise tonitruante. Et brusquement, dans le créneau de silence formé par les voix qui se taisent une seconde et qui vont reprendre avec fureur, flamboie l’éclair d’une trompette. Le tout s’achève par un fortissimo qui est à hurler de joie.

La Bible nous dit qu’après chacune des plaies qui frappèrent l’Égypte Dieu prit soin de raidir le cœur de Pharaon, afin qu’il ne tînt aucun compte des leçons cruelles qu’on lui donnait.