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fal), ceux de Mozart et de Gluck, ni même ceux de la neuvième Symphonie, que rien ne dépasse en sublimité, cette joie entière, physique aussi bien qu’intellectuelle, fortifiante au suprême degré, dont je me sens inondé par les chœurs resplendissants de Bach et de Hændel. Après s’en être repu pendant trois heures, on est la mansuétude même ; mais il semble qu’on tuerait un homme d’un coup de poing.

Les doubles chœurs d’Israël en Égypte présentent un vif intérêt pour qui cherche à se rendre compte de l’art souverain avec lequel le maître groupe les voix, lance une attaque, met en lumière une phrase essentielle, laisse éparses toutes les forces dont il dispose et brusquement les concentre pour frapper un grand coup. Dans le chœur d’ouverture, ce sont par exemple les ténors qui exhalent une plainte aiguë, renforcée par les contralti à l’unisson. Cela ne fait que passer : toutes les voix, maintenant, gémissent, sauf les ténors et basses du deuxième groupe, qui font entendre le même chant rapide et plein d’angoisse ; puis les basses du premier chœur sont entraînées avec les autres, et les ténors, qui s’élèvent brusquement, suivent le dessin de