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faillible sûreté. Il est précieux pour un écrivain d’avoir une infinité de vocables à son service ; mais l’art d’écrire ne consiste-t-il pas avant tout dans un groupement harmonique et imprévu de mots généralement très simples ? On peut dire que, dans la musique chorale de Hændel, pas une note n’est perdue. Rien n’échappe de sa pensée. Pour moi, qui n’ai pourtant qu’une connaissance très sommaire de l’art musical, je ne goûte jamais aussi vivement la joie de comprendre que lorsque j’écoute la musique de Bach ou de Hændel, Bach exigeant d’ailleurs un peu plus d’effort. C’est quelque chose comme le plaisir qu’on éprouve à pénétrer jusqu’au fond d’une vérité scientifique, plaisir connu, je pense, de peu de personnes. Loin de diminuer l’émotion, cette extrême clarté ne fait que la rendre plus directe et plus forte. Je ne crois pas avoir plus d’aptitude à comprendre Bach et Hændel que d’autres maîtres aussi profondément admirés, Beethoven, par exemple ; mais je me figure que ces deux-là sont vraiment les plus intelligibles de tous. Quoi qu’il en soit, jamais je n’ai retrouvé, à entendre les merveilleux chœurs de Wagner (Lohengrin, Maîtres chanteurs, Parsi-