autre, mais aussi rare — pour écrire le chœur d’entrée d’Israël en Égypte. L’inspiration, comme le sujet l’exige, est ici moins universelle ; mais si ce n’est pas l’humanité entière qui est appelée au salut, c’est tout un peuple dont le cœur éclate en sanglots et qui fait monter vers son Dieu le cri d’une douleur immense. Il n’y a rien de plus grand.
« Et les enfants d’Israël gémissaient à cause de leur servitude. » Parmi les huit voix du chœur, seuls, les contralti du premier groupe font entendre cette plainte lente et grave, d’une indicible tristesse. Un motif plus rapide, qui bientôt sera reproduit par les voix, se dessine à l’orchestre et toutes les femmes, à l’unisson, chantent sur une mélopée d’où la note sensible est exclue et qui a une âpre saveur de plain-chant : « Et leur cri monta jusqu’à Dieu ! » Personne ne s’aviserait de songer à l’époque où cette musique fut écrite : Israël se lamente, et Dieu écoute. Sur le thème plus vif qui a été exposé à l’orchestre les voix claires, soprani et ténors, disent la dureté des fils de Cham et la cruelle servitude d’Israël : « Ils les accablèrent de corvées ; ils les firent peiner durement. » Les