Page:Bouchor - Israël en Égypte, 1888.djvu/32

Cette page n’a pas encore été corrigée

caché par une vaste lyre de feuillage, le chef d’orchestre dont l’archet seul devait nous apparaître, rayonnant dans toutes les directions, serein ou frénétique, vibrant parfois comme un trille et décrivant, pour battre de lentes mesures carrées, une immense auréole autour du pupitre invisible. Nous, royalement assis au cœur de l’église dans des chaires sculptées, nous regardions onduler ces profondes masses chorales, à coup sûr composées de Trônes, Principautés, Vertus et Dominations, d’où la parole divine allait jaillir avec une irrésistible puissance.

Les soli entendus le matin, et sur lesquels je n’ai pas à revenir, nous avaient mis en appétit de musique : mais la faim la plus vorace trouverait de quoi s’apaiser dans les chœurs d’Israël en Égypte, substantiels en diable, et où il y a, certes, à boire et à manger. On nous joua, pour nous mettre en goût, le début d’un magnifique concerto d’orgue (en sol mineur). Hændel, lorsqu’il dirigeait ses oratorios, tenait l’orgue ; et, entre leurs diverses parties, il jouait des concertos avec accompagnement d’orchestre. Il en existe, je crois, dix-huit, qui sont de la plus grande beauté. Un personnage nommé Fétis a