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être insensible à une telle inspiration. Mais les uns se nourrissent de si plates vulgarités que tout ce qui est noble les ennuie ; d’autres ne pensent pas qu’il y ait une émotion possible hors de ce qui leur enfièvre le sang, leur tord les nerfs et leur triture le cœur. Ils sont comme ceux qui souffrent des dents et qui ne se sentent soulagés que s’ils exaspèrent leur mal. La musique d’aujourd’hui agit sur ces âmes troublées avec d’autant plus de force qu’elle est plus cruellement physique. Cette musique-là cherche l’âme, mais elle prend surtout la chair. Elle a bien son humanité, et je ne veux pas lui jeter l’anathème ; mais je souhaite que ceux qu’elle étreint puissent parfois s’en dégager et qu’ils respirent l’air vivifiant de ces Alpes, Bach et Hændel.

Il y a peu à remarquer dans la mélodie en mi majeur, simplement accompagnée par les cordes. Il faut l’entendre. C’est la suavité dans la force. Je ne puis concevoir une plus profonde interprétation, ou mieux une plus radieuse transfiguration de ce texte : « Tu les planteras sur la montagne de ta propriété, à la place, ô Éternel ! que tu as choisie pour ta demeure… » Et quelle