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tion de l’idée à l’organe choisi par le musicien est de toute nécessité ; mais on la réalise avec plus ou moins de perfection.

Hændel, dans son Israël en Égypte, a confié au contralto le soin de raconter l’histoire de ces étonnantes grenouilles qui envahirent jusqu’aux chambres de Pharaon. L’accompagnement de l’air est quelque peu descriptif ; le rythme sautillant et brusque simule, si l’on veut, la marche des grenouilles. Mais il n’y a rien de mesquin, de puérilement imitatif dans le récit de cette invasion qui ne donne guère envie de rire. Hændel, la musique même, ne se fût pas avisé d’écrire un accompagnement dont le sens échapperait si les paroles venaient à manquer. Qu’il s’agisse de tout autre chose que de grenouilles, et le dessin de l’orchestre restera précis, sans rien d’obscur ni même de bizarre. Cette remarque est applicable aux chœurs où il est question des mouches et de la grêle. Ce qu’il y a là de descriptif est peu de chose ; j’admire surtout que le maître ait su trouver des analogies mystérieuses, bien réelles pourtant, entre les phénomènes dont il veut suggérer la vision et les moyens purement musicaux qu’il a employés,