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Hændel, voire toute espèce de musique, avec une si profonde intelligence et une conviction si forte que la beauté de la voix devient chez elle une qualité secondaire.

Hændel aimait particulièrement le contralto ; et je ne pense pas qu’on ait jamais écrit comme lui pour cette voix chaude et presque virile, capable pourtant des inflexions les plus caressantes. Il en fait valoir toutes les ressources avec un art infini ; mais ce qu’il y a de plus remarquable, c’est le rapport qu’il sait établir entre la nature de l’inspiration, dans telle mélodie, et le genre de voix qu’il choisit pour l’interpréter. Il semble qu’il y ait dans l’alto quelque chose de collectif : c’est la voix que j’attribuerais à « la fille de Jérusalem » qui symbolise le peuple entier, surtout dans les prières jaillies de l’âme à l’heure du suprême péril ou dans les actions de grâces qui suivent ce péril à peine conjuré. Cette voix exprime encore très puissamment une joie profonde qui, par l’excès même de son intensité, ne peut se répandre en clameurs aiguës et en éblouissantes vocalises. Il serait facile de multiplier les exemples pris dans les différents oratorios de Hændel. D’ailleurs cette appropria-