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parmi les chants de fête et les vapeurs de la myrrhe.

M. Kaufmann, qui a une voix de ténor très pure et qui se maintient dans le registre aigu avec une grande facilité, est né pour être évangéliste. C’est lui qui, lorsqu’on exécute à Bâle la Passion selon saint Matthieu ou l’Oratorio de Noël, annonce au peuple la bonne nouvelle. Le ténor, dans Israël en Égypte, chante quelques courts récits, puissamment expressifs, et soutenus à cette hauteur qui était si naturelle à Hændel. Cet homme fut robuste, noble et grand sans le moindre effort : aujourd’hui on se travaille, on peine, on sue sang et eau pour être trivial ou maladif. Quelle force dans cette simple phrase, dite par le ténor pendant un absolu silence des instruments : « Il changea leurs eaux en sang ! »

Le ténor chante aussi un air farouche, à trois temps, hérissé de rapides vocalises, et comme haletant de fureur. « Je poursuivrai, disait l’ennemi, j’atteindrai, je partagerai le butin : je tirerai l’épée, ma main les exterminera… » Est-il besoin d’ajouter que la prétention de l’Égyptien est immédiatement mise à néant ?