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prophètes, qui, dans la seconde partie, attaquent en mineur un canon lugubre ? « L’élite de ses capitaines, elle est noyée aussi dans la Mer Rouge… » Cela est entrecoupé, mystérieux, terrible ; les cordes répètent les mêmes notes avec tremblement ; on pense au châtiment inéluctable, au grand silence qui se fera sur cette armée lorsque la mer aux algues l’aura recouverte tout entière. Car le fait semble s’accomplir sous nos yeux, et quelque chose de fortement dramatique est mêlé à cet hymne de triomphe. Il reprend avec enthousiasme et s’achève dans la gloire. Je regrette que la phrase finale n’ait pas été chantée avec toute l’ampleur possible, comme on l’eût fait en Angleterre. Il ne faut pas craindre de ralentir lorsque Hændel aboutit à ses prodigieuses cadences. Il semble qu’elles illuminent d’une façon rétrospective tout ce que l’on vient d’entendre. Je crois voir de hautes et massives portes de bronze, ces portes éternelles dont parlait le Psalmiste, rouler sur leurs gonds avec lenteur et découvrir aux yeux éblouis l’intérieur même du temple avec la profusion des lumières, les trésors de l’autel, les prêtres radieux, la foule prosternée