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trompettes, je vous prie, autres que celles des archanges pourraient faire éclater ces cris de lumière et ces resplendissantes clameurs ?

Le caractère céleste de l’œuvre communément attribuée à Hændel (qui seul, en effet, pouvait retrouver une telle inspiration) nous frappa tout d’abord lorsque, dans l’église à peu près déserte, nous entendîmes répéter le duo de soprani qui est sur ces paroles : « Le Seigneur est ma force et mon chant ; il est devenu mon salut. » Deux voix d’anges, de la plus admirable limpidité, deux voix que l’on peut dire chastes, aussi éclatantes qu’elles étaient douces, attaquèrent en canon ce beau chant de gratitude, tout recueilli, où respire une héroïque tendresse. Pour moi, les yeux fermés, j’écoutais se dérouler le cantique dans un mineur suave, et les voix évoquaient devant mon esprit l’image de deux êtres de la plus radieuse pureté, aux larges ailes étendues. Comme j’étais soulevé par les voix lorsqu’elles montaient ensemble dans les régions aiguës ! Comme certaines notes répétées attestaient bien une foi inébranlable ! Quel frisson me fit courir dans le corps cette brusque succession des deux voix attaquant un