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morceau qu’on lui offrait : l’os qui renferme la moelle exquise est parfois dur à casser. Mendelssohn qui, je crois, exhuma Israël, ajouta quelques très courts récitatifs de sa façon entre des chœurs qu’il jugeait trop entassés, et intercala dans la partition un air inédit de Hændel. L’arrangement de Mendelssohn fut suivi à Bâle. Les récits ajoutés sont suffisamment dans le style de Hændel pour ne point choquer ; puis on n’est pas fâché de respirer un peu entre deux pages trop sublimes. L’air inédit, fort beau en lui-même, m’a paru détonner parmi le vaste et religieux ensemble de l’épopée d’Israël ; cet air est dans le style des opéras de Hændel (qui en écrivit, comme on sait, quelque soixante-dix) et il appellerait des paroles italiennes. Au reste je n’en veux pas à Mendelssohn pour ces légers remaniements ; ils n’altèrent point la majesté de l’œuvre, et la piété de Mendelssohn n’est pas douteuse à l’égard de Haendel. Il disait, en parlant d’Israël en Égypte, que c’était de la musique « incommensurable ». La fureur de cet adjectif témoigne de l’intense admiration que ressentit Mendelssohn, dont le plus grand tort fut, en général, d’être une personne trop bien élevée.