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bérante de joie, et toute parfumée de cette divine grâce que personne, non, pas même Mozart, n’eut jamais à un aussi haut degré que le grand Sébastien. Cette fois il pleuvait donc à torrents ; mais vous m’êtes témoin, Baille, qu’après la répétition des solistes, que nous ouîmes dans la cathédrale, le ciel, enthousiasmé par les viriles mélodies de Hændel et tout surpris qu’on ne l’assassinât pas de miaulements chromatiques et d’harmonies faites pour agacer les dents, se rasséréna tout d’un coup et revêtit le plus virginal azur.

Les soli sont rares dans Israël en Égypte, cette œuvre la plus mâle du plus mâle génie que je connaisse. Presque entièrement écrite à huit voix, elle est faite pour être chantée par de grandes masses chorales. Elle renferme cependant plusieurs airs ou récits, et deux admirables duos. Il est d’usage en Angleterre d’intercaler dans la partition quelques autres soli, empruntés à diverses œuvres de Hændel, pour récréer le public et pour laisser aux choristes le temps de souffler. Hændel lui-même dut faire quelques concessions de ce genre, car le public anglais ne mordit pas tout d’abord au redoutable