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CHAPITRE II

L’Avocat.


Quand Bertrand s’éveilla, le lendemain, le soleil matinal inondait déjà la pièce, et Louise était debout près de lui. Autour d’elle, les constables se tenaient dans l’attitude du respect qu’inspire toujours aux hommes une femme qui en est digne. Comprenant bien la situation, ces braves gens s’intéressaient à ces acteurs involontaires dans un incident tragique.

Louise était pâle. On voyait que sa nuit n’avait pas été aussi paisible que celle de Bertrand. Elle souriait cependant en brave fille qu’elle était. L’inquiétude ne lui avait pas fait négliger sa toilette. Ses cheveux châtains tordus sur la nuque, sa robe de toile, tout était soigné, propre, simple et partant de bon goût. Louise était de celles qui comprennent que la femme du peuple s’abaisse en s’affublant de la défroque des riches ou de la pacotille qui en est l’imitation. Manie de luxe est mauvaise conseillère. Béranger a beau idéaliser Lisette, le sage ne la choisit pas pour femme.

Il fut décidé que Louise et Bertrand accompagneraient un constable jusqu’au poste central, afin d’expliquer l’affaire au chef de police qu’on n’avait pas voulu déranger la veille. Montant tous trois dans un char électrique, ils furent bientôt rendus à destination.

Le chef, homme de haute taille, d’allure militaire, à moustaches grisonnantes, écouta en silence le rapport de l’agent, puis le récit de Bertrand, et celui de Louise. Un commis sténographiait l’entrevue.