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ROBERT LOZÉ

— Et qu’allez vous faire maintenant que les électeurs de par ici ont eu le mauvais goût de vous refuser leur mandat ?

— Leur prouver qu’ils ont eu tort. Je me vengerai aussi en leur enlevant la perle de la contrée, répondit Robert, en maîtrisant avec effort son humeur. Irène veut bien m’attendre quelque temps, n’est-ce pas Irène ?

— Aussi longtemps que vous voudrez, répondit avec décision la jeune fille.

— Pas trop longtemps, j’espère. Je viendrai vous réclamer et j’ai confiance qu’alors votre père trouvera en moi de quoi le rendre indulgent et généreux.

— Je dois vous dire, Robert, interrompit le docteur, que je n’ai pas mauvaise opinion de vous. Au contraire. Et si vous savez profiter de vos avantages, nous serons un jour aussi fiers de vous que nous le sommes aujourd’hui de votre frère Jean, qui est déjà pour son pays un bienfaiteur public.

La fin de cette visite d’adieu fut donc beaucoup plus agréable que son début.

Irène accompagna Robert jusqu’à la gare. Le vieux médecin, qui du seuil les regardait s’éloigner, grommela entre ses dents : Après tout, il a de l’étoffe.

La famille réunie formait à la gare un groupe dont la gaieté n’était point forcée.

Après avoir fait ses adieux à tout le monde, Robert s’approcha d’Irène qui se tenait un peu à l’écart, son bras passé dans celui de madame Lozé.

— Et vous, Irène, qu’avez-vous à me dire ?

— Deux mots seulement… Je t’aime :

Ce fut sa feuille de route. Le train siffla, il partit.