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ROBERT LOZÉ

— C’est une sœur que je vous amène, ajouta-t-il en s’adressant aux autres. Mais approchez donc. Hein ! Il parait que le petit Jean vous a tous surpris.

Alors, ce fut une détente générale,

— J’ai gardé ton secret, mon Jean, dit la mère. Je l’ai peut être trop bien gardé. Tu arrives en un moment où nous sommes dans le malheur, au point que moi-même j’avais un instant oublié ta prochaine venue. Ce pauvre Robert vient de perdre son élection.

— Ce n’est qu’une bataille perdue. Nous en gagnerons bien d’autres ensemble, n’est-ce pas, Robert ?

— Notre Robert s’est battu comme un lion, dit Pierre, le frère aîné. Nous n’en avons pas honte, et la prochaine fois il sera élu.

Alice embrassa Irène.

— Vous êtes bonne et je vous aime bien, dit-elle.

Ces deux jeunes femmes se comprenaient.

— Vous ne me reconnaissez pas, monsieur ? Lozé dit tout à coup à Robert l’homme qui conduisait les chevaux de Jean.

— Comment ! Bertrand, vous ici ! s’écria Robert avec surprise. Je vous croyais déjà chez votre nouveau patron.

— Mais, oui. Mon nouveau patron c’est monsieur Jean.

— Vous connaissez donc notre frère ? lui demanda Pierre, le frère aîné.

— Si je le connais ! il m’a rendu de fiers services.

Il raconta en peu de mots ce que l’avocat avait fait pour lui, et l’effet de ce témoignage en un pareil moment fut considérable. Irène se promit d’en faire part à son père. Madame Lozé vit son fils dans le rôle d’un bienfaiteur des hommes.

C’est ainsi qu’un faible service rendu dans un temps où Robert avait commencé à s’accuser, était au moment le plus opportun, récompensé au centuple.