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ROBERT LOZÉ

— Heureux Robert ! Tous les jeunes gens ne trouvent pas comme lui un médecin pour les guérir et un ange pour les épouser.

M. de Gorgendière ne précisa pas davantage le traitement qu’il réservait au patient. Ces vieux médecins n’aiment pas les demi-mesures. Pauvre Robert ! dirons-nous avec Irène.

Quelques jours après, on annonçait que le docteur de Gorgendière renonçait définitivement à la députation et qu’il se retirait en faveur de monsieur Robert Lozé, avocat de Montréal, mais enfant du comté. On ajoutait, mais sans que cette nouvelle fut confirmée, que monsieur Lozé devait épouser mademoiselle de Gorgendière.

Robert Lozé se croyait enfin engagé dans la grande voie du succès.

Lorsque le docteur de Gorgendière lui avait annoncé son intention de lui céder le pas, il n’avait pas songé aux graves responsabilités que doit assumer celui qui aspire à devenir le mandataire de ses concitoyens dans les assemblées nationales. L’amour propre qui rappetisse tout le tenait en ce moment-là, et allait rendre vulgaire un effort qui aurait pu être méritoire et patriotique.

La lutte était engagée. Nous n’en suivrons pas en détail les péripéties. Robert imagina un plan de campagne qui n’était pas mal conçu. Le docteur de Gorgendière lui inspirait maintenant un grand respect. Il était frappé de son énergie et de son jugement, ainsi que de l’influence qu’il exerçait autour de lui. Il voulut continuer exactement la même ligne de conduite. Le médecin, qu’il alla consulter, ne le conseilla en rien ; mais il ne le désapprouva pas non plus. Son rôle à lui était simple, il observait.

M. de Gorgendière était un député de l’opposition. C’est-à-dire qu’à la Chambre il siégeait à la gauche du président et votait la plupart du temps contre le gouvernement