CHAPITRE XIII
L’élection
Robert ne dormit pas de la nuit. Les deux hommes qui luttaient en lui étaient aux prises. Avait-il bien fait ou mal fait ? Il ne savait que répondre à ces questions de sa conscience. Heureux, comme tout homme qui a obtenu d’une femme l’aveu d’amour, mais tourmenté de remords, il se sentait lâche en face de ses nouvelles obligations. Comment tout cela finirait-il ? Une chose seulement était claire, le sort en était jeté.
Pour essayer de mettre fin à la confusion de ses idées et de ses émotions, il prit le parti d’écrire à madame de Tilly, chose nécessaire dans tous les cas, se dit-il.
« Chère amie, écrivit-il, je vous ai obéi encore mieux que j’aurais cru, en partant, pouvoir le faire. Vous connaissez mon affection pour une personne qui vous est chère. L’absence n’a pas amoindri cette affection, au contraire. Seulement, lorsqu’elle me faisait entendre que ce que je prenais pour de l’amour était de l’amitié, elle avait raison. Dites-lui cela de ma part. Elle comprendra que maintenant, les yeux ouverts, j’apprécie bien mieux sa bonté et sa délicatesse et que je l’aime d’une affection meilleure.
« Ma chère mère et tous mes parents m’ont fait un accueil qui m’a d’autant plus touché que j’avais le sentiment d’avoir mérité tout autre chose. Cela m’a vraiment rendu honteux et j’ai formé de bonnes résolutions quant à ma conduite future. »