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Robert Lozé

dant, de ne parler de ceci à personne. Nous voulons les surprendre tous à la maison, avec vous seule pour complice. »

Madame Lozé essuya ses yeux humides et examina le beau chapelet en nacre qui était tombé de l’enveloppe sur ses genoux. Elle ouvrit ensuite la seconde lettre qui se lisait ainsi :

« Ma bien chère maman. Depuis longtemps j’ai formé le projet d’aller vous voir, mais jusqu’à présent il m’a été impossible de le réaliser. Je n’ai pas encore fait fortune, mais je commence à entrevoir la possibilité d’une clientèle passable et je suis très occupé. J’ai résolu de laisser là mes affaires et de passer un mois avec vous. Dans quelques jours j’aurai donc le bonheur de vous embrasser tous. Je vous ferai connaître le jour de mon arrivée. Votre fils très affectueux, Robert Lozé. »

Cette seconde lettre ne produisit pas sur la mère la même impression que la première. Elle y vit, néanmoins la perspective d’un rapprochement qu’elle désirait vivement entre Robert et le reste de la famille. Puis le cœur d’une mère ne se dément pas.

Méthodique et discrète en tout, elle écrivit, de son écriture un peu tremblante, aux deux enfants prodigues, les réponses qu’on peut présumer. Cela fait, elle appela sa bru.

— Je viens de recevoir des lettres des enfants, dit-elle. Robert nous annonce qu’il sera ici dans quelques jours, et Jean m’envoie un beau chapelet. Vois.

Pendant que sa bru et ses petits-enfants entouraient la grand’mère pour admirer le chapelet, une voiture s’était arrêtée devant la porte. La jeune fille qui la conduisait en descendit lestement et entra par la porte ouverte.

— Je passais. J’entre vous dire bonjour, chère madame Lozé, dit-elle. Quel beau chapelet vous avez là ! Cela vient-il de Robert ?