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Robert Lozé

Or, il vint un jour où le jeune homme ouvrier put se croire le maître d’un procédé de fabrication nouveau et important. L’étincelle avait jailli. Il pouvait maintenant dominer le destin. C’est en cette circonstance que son caractère et son jugement vinrent donner à son intelligence un appui important.

« J’aurai, pensa-t-il, la constance de garder sur ma découverte le secret le plus absolu, non seulement jusqu’au jour où je me serai assuré, par des expériences concluantes, de sa valeur et de sa perfection mécanique, mais encore jusqu’à ce que je puisse acquérir les connaissances générales et les notions scientifiques qui me permettront d’exploiter moi-même le fruit de mon génie. »

Dans ces pays, l’instruction est à la portée de tous et l’entreprise de s’instruire n’offre pas des difficultés insurmontables. Tous ont libre accès à la source des connaissances, mais tous n’y puisent pas. Chose admirable, cet homme qui aurait pu tout de suite acquérir une certaine somme de richesse, sût rester pauvre ; libre de changer de condition sociale, il sût rester humble ouvrier ; humble de condition, mais l’âme fière. Et c’est ainsi que, pendant plusieurs années, il persévéra dans les études qu’il s’était imposées. Le génie a de ces patiences héroïques lorsqu’il est servi par un jugement sain et un grand caractère. Le jeune homme jugeait du reste avec raison que personne ne pourrait le supplanter dans l’exploitation de sa découverte qu’il perfectionnait sans cesse.

Ce ne fut qu’après ces nombreuses précautions préliminaires, qu’il se procura des brevets d’inventeur dans tous les pays du monde, en y consacrant tout entier et sans crainte, son maigre pécule d’ouvrier économe.

Dès lors, la publicité s’empara de son nom. Il avait maintenant intérêt à répandre au loin ce que jusqu’à ce jour il avait si soigneusement caché. Les offres d’achat et