Page:Bouchette - Robert Lozé, 1903.djvu/161

Cette page a été validée par deux contributeurs.
170
Robert Lozé

qui nous est échue que nous continuerons de mériter nos beaux titres de noblesse, que nous resterons, dans l’avenir comme nous le fûmes dans le passé, apôtres et pionniers. »

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Les mariés sont partis. Ne les suivons pas. Ils n’ont pas besoin de nous. Ils cherchent le silence où les cœurs peuvent se parler, poussés par le mystère du sentiment qui les rapproche et qui est l’aspiration vers l’infini et vers le bonheur. La voie qu’ils ont choisie est la plus sûre, n’en doutons pas. Il est un fantôme trompeur qui tourmente les hommes. Il pousse Pline au cratère, il gonfle les voiles de Colomb, pour lui, Galilée se rapproche du firmament, et chacun croit résoudre le problème redoutable. Mais l’explorateur revient vaincu des confins de l’univers, l’astronome se désespère au bord de sa lunette, le chimiste scrute en vain le fond de son creuset. Tous ont écouté la voix de leur murmure : si tu manges de ce fruit tu seras comme un dieu. Et tous retombent dans l’abîme de leur impuissance devant le secret de la vie que Dieu garde pour lui. Mais pour les jeunes époux que Laure et Pétrarque ont effleuré de leurs ailes, il passe comme un reflet dans cette nuit inexorable, alors que leurs âmes unies entrent au pays de l’espérance.