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Robert Lozé

sources imprévues, aurait pu se prolonger beaucoup plus. Du reste, il se montra administrateur prudent et habile. Les sommes considérables dont il avait la gestion devinrent entre ses mains plus productives. Sans négliger les placements fonciers, dont les avantages sont indéniables, il cherchait d’autres placements également sûrs mais donnant un intérêt plus élevé.

Il avait été frappé de ceci, que tout un groupe important de capitalistes se désintéresse complètement des grandes compagnies à fond social ou en commandite, qui ont la haute main sur les banques, les transports, les entreprises d’utilité publique et un grand nombre d’industries. Non seulement leurs revenus se trouvent ainsi diminués, mais ils ferment les portes de tous ces établissements à leurs enfants, puisque, naturellement, ce sont les actionnaires qui, en définitive, nomment les employés et leur ouvrent ainsi des carrières multiples et importantes. Cette ressource précieuse est trop négligée, bien que l’expérience démontre bien clairement ses avantages.

Cette année, Robert n’attendra pas les vacances des tribunaux pour s’éloigner de Montréal. Voici qu’avec mai les longs jours reviennent, jours beaucoup trop longs au gré de ses désirs, à mesure qu’approche ce moment où il doit rencontrer Irène au pied de l’autel.

Interminables heures de voyage. Que ce convoi se traîne paresseusement sur les rails d’acier. Bien nombreux et bien inutiles les arrêts. Déjà le soleil baisse à l’horizon. N’arrivera-t-on jamais.

— Enfin, voici les pays familiers qui se montre par la portière. Le parler du terroir se fait partout entendre. Cependant ce n’est pas tout à fait le parler, ce ne sont pas encore les points de vue du village natal. Il est descendu dans une ville neuve et florissante que borde un port vaste et profond. Des navires venus de la haute mer y prennent cargaison.