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CHAPITRE XXI

Québec.


Nous sommes en septembre.

C’est la saison où les oiseaux de passage se reposent un instant sur le rocher de Québec, avant de s’envoler vers leurs foyers. On les voit arriver d’un peu partout. Les villégiatures du golfe fournissent leur large part ; et des états limitrophes accourent de braves républicains avides de voir le vice-roi, qui, à cette époque, tient sa cour à l’antique siège de Frontenac.

En ce même temps, de grands navires remontent de la mer en longue procession majestueuse. Ils portent au mât d’artimon l’étendard d’Angleterre, souvent aussi le tricolore, ou le pavillon étoilé, quelquefois même l’aigle noir. Ce sont des vaisseaux de combat. Mais s’ils viennent faire la guerre, c’est la guerre du carnaval et non pas celle du canon. Bientôt, pour reconnaître l’hospitalité de la ville, leurs ponts se transformeront en jardins enchantés, où, à l’instar du vieux récit, Tancrède s’efforcera de captiver Armide.

C’est la saison des fêtes. Et quelles fêtes sont comparables à celles du vieux Québec, où les plaisirs présents ont la saveur des grandeurs passées ! Surtout, ce n’est point une fête banale que le bal du vice-roi qui a lieu chaque année à la citadelle. Il me vient souvent à la pensée qu’il se prépare là quelque page d’histoire.

Oh ! il ne s’y passe rien d’extraordinaire. On s’incline devant le représentant du souverain, on danse, ou cause, on flirte un peu, on s’en va. Mais quel assemblage vraiment