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ROBERT LOZÉ

Les quatre jeunes gens débarquèrent au rocher, apportant des provisions de bouche et des vêtements. Ceux-ci furent inutiles, car tous les naufragés avaient eu le temps de se vêtir et ils étaient restés à couvert pendant l’humidité de la nuit. Mais les conserves et le pain furent acceptés avec reconnaissance. Le garde-manger de madame Babin était épuisé et le cotre ne fournissait que le strict nécessaire, ne voulant pas, si cela était possible, prolonger son retard, en étant obligé de se ravitailler.

Quelle ne fut pas la surprise de Robert, lorsque pénétrant dans la maison du gardien où étaient réunis les femmes et les enfants, de se trouver en présence de madame Gardner.

— Vous ici, madame ? s’écria-t-il.

— M. Lozé ! s’écria à son tour Gardner, qui entrait, en ce moment. Vous étiez donc à bord ?

— Non pas. J’arrive à l’instant avec mes amis que voici.

Il présenta Jean et les dames.

— Nous arrivons à temps pour vous offrir l’hospitalité, fit Alice.

— J’accepte bien volontiers, répondit madame Gardner, car nous avons avec nous notre fille et je craignais pour elle le trajet en chaloupe, surtout après le dérangement qu’elle a subi la nuit dernière. Cependant elle ne semble pas avoir souffert.

Elle indiquait, en parlant, un bébé qui dormait paisiblement dans les bras de sa bonne.

Il ne restait vraiment que peu de chose à faire au Pilier. Les chaloupes conduiraient les naufragés jusqu’à terre, ils se rendraient à Québec en chemin de fer, pour recommencer leur voyage sous des auspices plus heureux.

— Vous vous rendiez donc en Europe, demanda Robert à Lionel Gardner.

— Oui. Nous avions à régler des affaires de famille. La