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ROBERT LOZÉ

chameau de la prairie. Sans chevaux, que faire dans ces immenses plaines ? Dans ces conditions, la mort peut être plus ou moins lente à venir, mais elle est à peu près certaine. Il fallait donc retrouver nos chevaux ou mourir.

Mon parti fut bientôt pris

— Je pars à la recherche des voleurs, dis-je à mes compagnons. Si dans deux jours je ne suis pas de retour, ne m’attendez plus. Je serai mort. Orientez-vous alors à l’aide de la boussole et tâchez de regagner le poste que nous avons quitté

Mes amis comprennent enfin toute la gravité de la situation, et bien qu’ils n’aient pas de montures, ils insistent pour m’accompagner. Mais je leur enjoins de demeurer au camp. Pour accomplir mon projet, il me faut être seul, il est urgent surtout que j’agisse promptement. Ils promettent de m’obéir et ils me laissent partir.

Quant à moi, je monte à cheval et je fais un large circuit autour du camp pour retrouver la trace des voleurs. Cela n’est pas difficile, la piste étant très distincte. Je puis même m’apercevoir que deux cavaliers ont poussé devant eux la troupe de chevaux.

Cela confirme mes soupçons antérieurs. Les deux métis agissaient de concert et leur querelle n’avait été qu’une feinte. Ils n’ont, du reste, pris aucune précaution pour cacher leur marche, ne se doutant pas que je sais suivre une piste en plaine ou sous bois avec toute la sûreté d’un Indien.

Pendant toute la journée, je suivis cette piste au petit galop que mon bronco soutenait sans fatigue. Vers le soir, j’aperçus une ligne de saules indiquant une rivière et au-dessus des arbustes, une fumée montant comme une colonne brune dans un ciel calme et sans nuage.

C’était l’ennemi.

Je descendis de mon cheval et je l’attachai. Puis, je me glissai comme une panthère dans l’herbe haute d’abord,