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ROBERT LOZÉ

bonne grâce à la curiosité évidente de ces dames. Auprès du feu que la fraîcheur du soir rendait agréable, ils causèrent d’aventures variées.

Dampierre avait été chasseur, toute sa vie. Dès l’âge de douze ans, il avait suivi son père qui faisait la traite des fourrures pour le compte de la compagnie de la baie d’Hudson. Plus tard, le fils avait abandonné cette manière de disposer des produits de sa chasse. À Québec, on commençait à préparer les fourrures pour le commerce. Il trouvait là des prix meilleurs, il y rencontrait des sportsmen qui retenaient ses services en qualité de guide. De cette façon, il s’était amassé un petit avoir qui suffisait à ses modestes besoins. Il avait bien alors songé à s’établir, à prendre femme, mais le séjour des villes ne lui plaisait guère. Pour quelques jours, pour quelques semaines, passe encore. Mais y demeurer en permanence, non. Il ne savait trop quel parti prendre, lorsqu’un club de sportsmen qui avait acquis des droits de chasse et de pêche sur un territoire assez étendu, lui proposa d’en devenir le gardien, avec les titres d’associé et de juge de paix, et plusieurs aides sous ses ordres. C’était précisément ce que Dampierre désirait. Il accepta avec empressement et s’installa sur-le-champ dans son nouveau domaine

Peu à peu sa demeure était devenue un point de repère dans la contrée et même quelquefois un lieu de réunion. Il faisait rarement maintenant de grandes chasses, mais les chasseurs venaient à lui, et il jouissait périodiquement de la société d’hommes cultivés.

Souvent aussi, le petit plateau se couvrait de wigwams montagnais. Un peu de traite lui était profitable et empêchait l’ennui de le gagner.

— Oui, dit-il en réponse aux questions que lui posait Alice, j’ai été guide et explorateur en même temps que chasseur. Souvent j’ai conduit des missionnaires, des sa-