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CHAPITRE XVIII

françois dampierre.


Ainsi nos argonautes prolongeant leur croisière, recueillaient les trésors du souvenir, plus précieux que ceux que recherchait Jason.

Un jour, ils avaient quitté le yacht pour le canot. Ils remontaient une rivière profondément enclavée dans les côtes du nord, et dont l’ombre reposait leurs yeux de la vive lumière du large, lorsqu’ils se trouvèrent en présence d’un de ces personnages que la plupart d’entre nous ne connaissent que par la légende.

Sur un plateau de faible étendue et en partie déboisé, s’élevait, entourée d’une culture très primitive, une maisonnette basse, en bois rond. Sur le seuil de cette demeure, se tenait un homme de haute taille, maigre et élancé. À la vue des voyageurs, il descendit à leur rencontre. L’hospitalité est toujours la première pensée de ceux qui vivent habituellement loin des autres hommes. D’une voix très douce, il leur souhaita la bienvenue. Le timbre de sa voix rappelait celle de l’indien, où l’on retrouve souvent, comme un écho des harmonies de la nature sauvage. Rien de plus rude que le parler des « voyageurs » et des hommes de cages, qui vont dans la forêt par bandes pour abattre les pins. L’indien et le chasseur vivent isolés.

Cet homme avait quelque chose de la voix de l’indien, quelque chose de son geste lent et grave, de sa démarche souple, de son pas silencieux. Mais la charpente était plus