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robert lozé

qui est un des châtiments de la médiocrité. On ne le classait plus parmi les parasites qui se disputent les ruines sociales comme les pillards sur certaines plages se disputent les épaves. Les journaux annonçaient son départ, non plus en manière de réclame, mais comme un fait d’intérêt public. Sa clientèle modeste encore mais solide et honnête, attendrait son retour ; on saurait où le retrouver au cas de besogne pressée.

Différence très sensible aussi dans l’accueil qu’on lui ferait là-bas. Cette fois, il revenait vraiment au foyer. Le bonheur remplissait son cœur.

À la gare de Saint-Ixe, un groupe nombreux l’attend, et le docteur de Gorgendière vient le premier lui serrer la main. Le vieux médecin ne dit pas grand’chose, mais Robert comprend bien ce que signifie cette cordialité.

Voilà sa mère qui lui sourit et Irène qui le regarde avec orgueil. Toute la famille l’entoure et lui fait compliment sur sa bonne mine.


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Les fiancés se sont éloignés ensemble. Ils marchent lentement à l’ombre de ces arbres témoins de leurs premiers épanchements d’amour.

— Irène, êtes-vous contente de moi ?

— Contente ! Oh, mon ami, comment vous le dirai-je ? Nous sommes tous émerveillés. Moi, j’étais bien sûre de vous. Je l’ai toujours dit à mon père.

— Mais sans le persuader ?

— C’est vous qui l’avez persuadé. Après avoir lu votre plaidoyer dans l’affaire des écoles, il s’est avoué vaincu.