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Robert Lozé

— Eh bien ! Soit, dit son client. Combattons ensemble et à ciel ouvert. J’ai la confiance que nous réussirons, et je vous remets cette somme absolument et sans conditions.

Robert se mit à l’œuvre avec une ardeur extraordinaire. La tâche s’offrait toute hérissée de difficultés. Les infractions à la loi étaient évidentes pour les gens de bonne foi. Mais il savait bien que le point critique serait la preuve légale. Il fallait que cette preuve fut absolument irréfutable et accablante. Il fallait trouver des témoins assez indépendants pour parler et d’une réputation inattaquable. Ce fut là le travail long, secret et patient de plusieurs mois.

Enfin vint le moment où il se crut sûr de son fait. Il écrivit alors aux directeurs de plusieurs institutions, leur signalant les infractions qu’il avait constatées, et les sommant d’y porter remède.

Chose significative, comme si elles s’étaient entendues entre elles, chacune de ces personnes répondit en niant les infractions dont l’avocat se plaignait et en refusant de tenir compte de sa plainte.

L’affaire devait donc se vider devant les tribunaux. Naturellement, tout ce que peut inventer la chicane fut mis en œuvre pour entraver la procédure dès le début. Mais un très grand soin apporté dans la rédaction des pièces permit à l’avocat d’éviter ces embûches, et bientôt on en vint au mérite.

Alors Robert, comprenant l’importance qu’il y avait pour sa cause d’y intéresser l’opinion publique, se rendit personnellement chez les rédacteurs des principaux journaux. Non pas dans le but de se procurer une réclame, mais pour remplir un devoir, celui de plaider sa cause devant le tribunal suprême et final en ces matières, celui de l’opinion. Il leur demanda de faire recueillir fidèlement la preuve et les plaidoiries, quels que fussent leurs commentaires. Partout sa demande fut favorablement accueillie. Même le proprié-