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robert lozé

— Vous n’avez, je crois, rien à craindre, dit le chef, après avoir tout entendu. L’enquête doit avoir lieu ce matin, et il vaudra mieux que vous attendiez ici la sommation du coroner. Autrement, je serais obligé de faire rapport aux autorités provinciales et vous auriez à comparaître devant un magistrat, ce qui entraînerait sans doute des formalités et des frais.

— C’est bien, monsieur, dit Bertrand, comprenant que pour quelque temps encore il devait rester virtuellement prisonnier.

Il se retira, avec Louise, dans l’antichambre, où le commis sténographe les avait précédés.

— Il vous faut un avocat, dit ce dernier à Bertrand.

— Mais je n’en connais pas.

— En voici un, un bon.

Il lui tendit une carte portant ce nom :

Robert Lozé, avocat, 77, rue du Palais.

— Vous pouvez lui parler par le téléphone, ajouta-t-il, voyant que Bertrand regardait la carte d’un air indécis.

— J’irai plutôt le chercher moi-même, dit Louise. Et prenant la carte des mains de Bertrand, elle s’en alla avant qu’il pût répondre.

Arrivée rue du Palais, il ne fut pas difficile pour Louise de trouver l’étude de Robert Lozé, avocat. La rue n’est pas longue, et au numéro 77, suivant la mode de notre époque, à laquelle se soumettent trop d’hommes de profession, le nom du personnage, en lettres d’or, ornait la porte d’entrée, les vitres des fenêtres du deuxième, la muraille de l’escalier et la cloison vitrée du second palier. L’avocat partageait les honneurs de cette publicité avec un M. Rémi Bittner, courtier, agent d’affaires, prêteur d’argent, collecteur de comptes, etc., comme son enseigne l’indiquait. Le voisinage d’un client aux affaires si multiples devait être une mine d’or pour l’heureux avocat.