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Tous les peuples ont un très grand intérêt à améliorer leur situation économique. Pour les Canadiens-français cet intérêt est vital. Placés au centre d’une nombreuse population différente d’origine et de langue, nous pourrions les comparer à un enfant dans une foule compacte, qui périrait étouffé et foulé aux pieds s’il ne réussissait à s’élever par quelque moyen au-dessus de ceux qui l’entourent. Pour survivre dans cette foule il lui faut faire plus que les autres. Mais aussi, lorsqu’il y a réussi, il se trouve dans une situation réellement plus favorable. La condition de l’existence pour nous est donc la lutte, mais la récompense en cas de succès sera toujours digne des efforts que ce succès aura coûté. Il est admis, croyons-nous, que nos compatriotes du commencement du siècle furent vraiment supérieurs ; et il ne sera pas contesté que leurs descendants désirent vivement marcher sur leurs traces, en contribuant, comme eux, à la grandeur et à la gloire de leur pays. Examinons donc les causes qui ont conduit au succès nos ancêtres, et voyons si dans cet âge scientifique et industriel, où les conditions essentielles au succès sont si différentes de ce qu’elles étaient autrefois, les Canadiens-français tiennent encore au Canada le rang auquel leur intelligence et les efforts de leurs devanciers leur permettent d’aspirer.

Qu’on ne s’étonne pas si nous commençons ce travail par certaines considérations qui paraissent se rapporter plutôt à l’instruction publique qu’à l’industrie. C’est la saine éducation qui conduit à tous les succès. Celle que reçurent nos ancêtres était excellente et convenait aux besoins de leur époque. En est-il de même aujourd’hui ? S’il n’en était pas ainsi quelles en seraient les conséquences économiques ? et où devrions-nous chercher le remède ?

Le lecteur tirera ses conclusions. Quant à nous, nous croyons que certaines réformes sont nécessaires et l’idée que nous désirons développer se trouve résumée dans le titre : — Emparons-nous de l’industrie.