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Le désir sincère de faire ressortir l’importance de la réforme industrielle dans la province de Québec a seul dicté les lignes qui précèdent. Si le petit pouvait se comparer au grand, nous dirions comme Lord Roseberry, dans son introduction à l’histoire de Napoléon : cette idée nous obsède.

Le raisonnement qui en forme la base est simple et clair.

Les Canadiens-français ont-ils eu tort ou raison de conserver avec un soin jaloux leur langue, leurs institutions, leurs lois, c’est à dire, leur génie national ?

Si, par malheur, ils devaient se contenter de marcher à la remorque des autres peuples du continent, le caractère distinctif qu’ils conservent ne saurait être pour eux un honneur et un avantage.

Mais si, comme nous le croyons, la Providence leur a inspiré ces idées pour leur permettre d’accomplir une mission civilisatrice, d’ériger sur ce continent de ces monuments du progrès humain, qui, comme les lois romaines, vivront aussi longtemps que vivra le monde, leur persistance nous apparaîtra sous un jour bien différent.

Or, un peuple n’accomplit de grandes choses qu’en autant qu’il est armé pour faire respecter ses idées. L’arme par excellence d’un peuple, la condition fondamentale de son existence et de ses progrès, c’est la supériorité économique.

Nous avons donc essayé de démontrer : —

Premièrement. Comment, au début du dix-neuvième siècle, au moment où commençaient à germer les idées de gouvernement constitutionnel moderne, les Canadiens-français ont pu faire preuve d’une véritable supériorité. Ils ont produit des hommes capables d’affirmer un principe vrai de gouvernement et d’accomplir une grande réforme politique. Et cette œuvre, comme toutes celles qui sont vraiment grandes, n’a pas été d’un effet local seulement. Le principe vrai ainsi affirmé a produit dans son application des résultats immenses. C’était un remarquable début.

Deuxièmement. L’œuvre de nos devanciers est terminée. De nos jours la situation est différente. La forme de notre gouvernement et de l’empire dont nous faisons partie est définitive-