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cèrement que si cet état de choses se prolonge dans le vingtième siècle, les Canadiens-français en souffriront cruellement.

Il faudrait bien peu connaître les Canadiens-français, eux qui ont fait tant de sacrifices pour s’instruire, pour croire qu’ils négligent l’instruction scientifique et industrielle de parti pris. La population est désireuse de s’instruire et de progresser, mais il faut lui donner l’élan et lui indiquer clairement le résultat pratique qu’elle peut espérer obtenir, lui démontrer comment nos industries rudimentaires peuvent devenir de grandes industries en mettant la science au service du travail, en un mot, faire de la propagande.

Nous avons une organisation universitaire. Des établissements polytechniques et spéciaux ont été ébauchés. Cette organisation est incomplète, peu outillée, peu moderne, mais elle pourrait à la rigueur fonctionner, elle pourrait même suffire aux premiers besoins, et elle s’amenderait sans doute d’elle même. Ce qui lui manque c’est la force motrice. Pour le moment, la machine se rouille inactive, et la jeunesse studieuse, qui est la matière première de cette fabrication, sent naturellement peu d’attrait pour cette chose sans âme et comme morte et s’en éloigne. Il y a là pourtant des forces latentes d’une puissance incalculable. Dans d’autres pays l’on a su les développer, faisons ici de même.